Comment la mérule se développe-t-elle dans les combles et greniers mal ventilés ?

Comment la mérule se développe-t-elle dans les combles et greniers mal ventilés ?
Comment la mérule se développe-t-elle dans les combles et greniers mal ventilés ?

Comprendre la mérule et son habitat de prédilection

La mérule, ou Serpula lacrymans, est un champignon lignivore particulièrement redouté dans les bâtiments anciens ou humides. Son développement dans les combles et greniers mal ventilés est une problématique fréquente, notamment dans les régions humides ou mal isolées. Cette espèce de champignon est capable de causer des dommages structurels importants en quelques années seulement. Elle s’attaque aux éléments en bois, comme les solives, poutres, chevrons ou planchers. Sa prolifération est silencieuse, ce qui la rend souvent difficile à détecter à temps.

Le développement de la mérule est favorisé par certains facteurs environnementaux que l’on retrouve très souvent dans les parties hautes des habitations mal ventilées : taux d’humidité élevé, mauvaise circulation de l’air, obscurité et température modérée. Ces conditions expliquent pourquoi les greniers et combles sont des lieux propices à l’apparition et à la prolifération du champignon.

Les conditions favorables à la prolifération de la mérule

Pour se développer, la mérule a besoin de conditions précises. Elle se nourrit de la cellulose présente dans le bois tout en rejetant des enzymes qui provoquent une décomposition rapide de la matière lignocellulosique. Le processus est amplifié dans les environnements confinés et mal entretenus.

Voici les principales conditions qui favorisent son apparition :

  • Humidité supérieure à 20 % : La mérule a besoin d’un niveau d’humidité élevé pour croître. Des infiltrations, des fuites de toiture, une condensation excessive ou l’absence de pare-vapeur peuvent être des sources d’humidité persistante.
  • Manque de ventilation : L’air stagnant dans les combles crée une atmosphère propice à l’apparition du champignon. Sans circulation suffisante, la vapeur d’eau s’accumule et humidifie les matériaux boisés.
  • Température entre 20 et 26 °C : Ce champignon prolifère davantage dans une ambiance tempérée. Les combles qui subissent des variations thermiques sans évacuation de chaleur participent au maintien de températures idéales.
  • Obscurité : La mérule n’a pas besoin de lumière pour se développer. Les lieux sombres comme les greniers, souvent négligés, lui sont donc particulièrement adaptés.
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Détecter la mérule dans les combles et greniers

L’un des dangers majeurs de la mérule est sa discrétion. Avant d’apparaître en surface, elle peut se développer plusieurs mois, voire années, à l’abri des regards. Elle se faufile entre les planchers, sous les laines d’isolation, autour des charpentes. Il est donc important de repérer rapidement les premiers signes de contamination.

Quelques indices peuvent alerter les propriétaires :

  • Odeur de champignon ou de moisi persistante dans les combles ou greniers.
  • Bois qui devient friable, se désagrège au toucher, ou prend une teinte brunâtre ou blanche.
  • Présence de filaments ou cordons mycéliens gris ou blanchâtres, souvent comparés à de la ouate ou des racines.
  • Émergence de carpophores : formations spongieuses, épaisses, aux bords orange-rougeâtre et au centre blanc-gris.

Ces signes nécessitent une inspection approfondie, de préférence par un professionnel du champignon lignivore. Un diagnostic mérule est souvent proposé par les entreprises spécialisées dans le traitement du bois et l’hygiène des bâtiments.

Les dangers liés à la mérule dans l’habitat

Outre les détériorations matérielles, la mérule peut représenter un risque pour la sécurité des occupants. En attaquant la structure en bois, elle fragilise poutres et planchers. Des effondrements localisés peuvent se produire si le champignon n’est pas éradiqué à temps. L’étendue des dégâts entraîne souvent des travaux lourds et coûteux de rénovation.

D’un point de vue sanitaire, si des spores sont libérées dans l’air, certaines personnes sensibles ou immunodéprimées peuvent présenter des symptômes respiratoires (allergies, toux, difficultés respiratoires). Bien que la mérule ne soit pas reconnue comme pathogène directe pour l’homme, elle participe à la dégradation de la qualité de l’air intérieur.

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Règlementation et responsabilités des propriétaires

La législation française commence à prendre en compte les risques liés à la mérule. En vertu de l’article L1331-22 du Code de la santé publique, les logements insalubres, notamment en raison de la présence reconnue de champignons lignivores, peuvent faire l’objet d’un arrêté d’insalubrité.

En complément, la loi ALUR (2014) prévoit que les mairies peuvent établir par arrêté des zones à risques de mérule, appelées « zones de présence d’un risque de mérule ». Dans ces secteurs, les propriétaires ont l’obligation de déclarer la présence de la mérule à la mairie (article L. 133-8 du Code de la construction et de l’habitation).

Pour les ventes immobilières, bien que le diagnostic mérule ne soit pas encore obligatoire sur l’ensemble du territoire, il est fortement recommandé dans les zones classées à risque. Sa mention est souvent demandée dans les diagnostics techniques obligatoires, notamment pour rassurer les acquéreurs.

Prévention : une ventilation efficace en première ligne

La meilleure arme contre la mérule reste la prévention. Il est essentiel d’assurer une ventilation adéquate des combles et greniers. Cette mesure simple réduit le taux d’humidité et empêche la condensation de s’accumuler.

Quelques bonnes pratiques :

  • Contrôler l’état des tuiles et de la charpente pour éviter toute infiltration d’eau.
  • Installer un système de ventilation naturelle ou mécanique (cheminées d’aération, VMC spéciale combles) pour assurer la circulation de l’air.
  • Vérifier l’isolation : un pare-vapeur mal posé peut retenir l’humidité. Il doit être bien adapté aux conditions hygrométriques du grenier.
  • Surveiller la température ambiante pour éviter qu’elle stagne dans la zone optimale pour le développement des mérules.
  • Inspecter régulièrement les recoins sombres du grenier, en particulier après un dégât des eaux ou une période de fortes pluies.
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Traitements et éradication de la mérule

Si la mérule est détectée, il est crucial de réagir rapidement. Le traitement se fait en plusieurs étapes, généralement réalisées par des professionnels certifiés dans la lutte contre les champignons lignivores. En effet, les produits biocides utilisés doivent être manipulés dans des conditions strictes encadrées par la réglementation française (Décret n° 2009-397 du 10 avril 2009).

Les étapes principales d’un traitement comprennent :

  • Assèchement de la zone atteinte : indispensable pour stopper la prolifération.
  • Retrait des bois contaminés : tous les éléments détériorés doivent être enlevés et évacués en décharge spécialisée.
  • Brûlage ou nettoyage des surfaces : les murs touchés sont grattés, puis traités pour éliminer les spores.
  • Application d’un fongicide curatif par injection et pulvérisation sur les structures encore saines.

Dans certains cas, la rénovation peut inclure la dépose partielle de toiture, surtout si la contamination est profonde. C’est pourquoi il est crucial de ne pas attendre les premiers signes visibles pour agir.

En somme, la bonne ventilation des combles et la surveillance régulière sont les meilleurs moyens de protéger son habitat contre ce champignon destructeur. Mettre en place une stratégie préventive permet non seulement de préserver l’intégrité du bâti, mais aussi de garantir la sécurité des occupants et la pérennité du patrimoine immobilier.