Pourquoi la mérule s’attaque au bois de nos maisons ?
La mérule, ou Serpula lacrymans pour les intimes, n’est pas un simple champignon inoffensif. C’est un véritable fléau du bâtiment, capable de réduire à néant des structures en bois pourtant solides. Ce qui lui plaît particulièrement ? L’humidité, les endroits sombres, mal ventilés… bref, tout ce que l’on retrouve dans une cave oubliée ou derrière un lambris trop ancien. Ce champignon lignivore se nourrit des éléments structuraux du bois (cellulose et hémicellulose), le rendant friable comme une biscotte rassis.
Le danger ? Une infestation de mérule est rarement visible au départ. On s’en rend compte souvent trop tard, quand le bois commence à s’effriter sous les doigts ou que des signes visuels inquiétants apparaissent. Il est donc essentiel de savoir l’identifier pour agir tôt – et éviter des réparations coûteuses.
Les signes inquiétants à ne pas ignorer
Certains symptômes doivent vous alerter sans attendre. Ils n’annoncent pas forcément une invasion confirmée, mais dans le doute, mieux vaut faire appel à un professionnel du diagnostic.
- Odeur de champignon ou de cave humide : si en entrant dans votre sous-sol ou en vous approchant d’un mur, vous sentez une odeur de moisi persistante, la vigilance est de mise.
- Présence de filaments blancs ou gris : appelés mycélium, ces filaments s’étalent souvent derrière les boiseries, les plinthes ou les lambris. Ils servent au champignon à transporter l’eau… comme une racine croissance.
- Laine cotonneuse ou ouateuse : sur le bois, parfois sur les murs ou maçonneries, il est fréquent de voir une mousse blanchâtre “vivante”.
- Fruits du champignon : la mérule peut produire une fructification brun-rouille bordée de blanc. Cette masse molle et spongieuse ressemble parfois à une galette aplatie sur le mur ou dans un coin proche du sol.
- Bois qui s’effrite ou gondole : structure interne attaquée, le bois devient léger, cassant, voire poudreux.
Ces symptômes ne sont pas exclusifs à la mérule, mais leur combinaison doit faire office d’alerte sérieuse. Mieux vaut prévenir que refaire toute une charpente.
Comment reconnaître la mérule visuellement ?
À force d’en voir sur les chantiers, on développe un œil. Voici comment la reconnaissent les pros :
- Croissance tentaculaire : la mérule s’étale souvent sur plusieurs mètres via des cordons mycéliens apparents, capables de franchir des murs pour atteindre une autre source de bois. Elle est dite “envahissante”.
- Aspect ouateux ou cotonneux : dans ses premières phases, le champignon ressemble à une ouate légèrement humide, blanche à grise.
- Changements de texture : le support atteint semble souvent humide, gondolé ou comme délaminé.
- Fructifications brun-rouille : en dernier stade, la mérule développe une “chair” brun orangé avec des bords blanchâtres. Ces fructifications sont souvent visibles sur le bois ou la maçonnerie et traduisent une infestation installée depuis plusieurs mois, voire années.
Un exemple concret ? Lors d’un chantier à Dinan, une simple dalle de bois posée sur un sol en terre battue cachait une prolifération massive. Rien n’était visible en surface, sauf une légère ouate blanche en coin de mur… À l’ouverture, on découvre 10 m² de bois totalement pourris et des cordons mycéliens grimpant jusqu’aux chevrons. Le propriétaire n’avait rien vu venir, mais le dégât structurel était bien là. D’où l’importance du diagnostic pro.
Les conditions idéales pour son développement
La mérule n’apparaît pas par hasard. Plusieurs facteurs combinés créent le cocktail parfait pour sa prolifération.
- Taux d’humidité élevé : le bois doit contenir au moins 22 à 25 % d’humidité pour que la mérule s’y installe.
- Température ambiante entre 18 et 26°C : une température ni trop basse ni trop chaude… exactement ce qu’on trouve dans les logements habités.
- Absence de ventilation : grenier fermé, cave oubliée, doublages de mur mal ventilés… tous ces endroits confinés favorisent l’implantation du champignon.
- Matériaux cellulogènes : plâtre, carton, bois, contreplaqué, lambris… elle adore ça !
Un dégât des eaux non séché correctement, un pare-vapeur mal posé, ou une vieille infiltration de toiture peuvent suffire à lancer le processus. Parfois, l’humidité monte par capillarité depuis un vide sanitaire mal isolé – une situation encore trop fréquente dans l’ancien.
Faites le test du bois “sain ou pourri”
Vous avez un doute en manipulant une poutre ou une planche ? Voici une méthode simple utilisée en repérage :
- Utilisez un tournevis ou une lame de couteau : enfoncez légèrement dans le bois.
- Le bois s’effrite trop facilement ? Il est probablement attaqué. Le bois sain oppose une certaine résistance.
- Écoutez le son : un bois sain sonne massif, tandis qu’un bois attaqué sonne creux, voire mat.
Encore une fois, cette méthode ne remplace pas un diagnostic professionnel, mais elle peut vous donner un premier indice. Mieux vaut réagir tôt que devoir refaire un plancher complet.
Diagnostic professionnel : quand y recourir et que faire ?
Si vous suspectez la présence de mérule, il ne faut pas traîner. Les entreprises de traitement fongique sont équipées pour confirmer l’infestation à l’aide de sondes, hygromètres, caméras thermiques ou encore d’analyse mycologique en laboratoire.
Le diagnostic professionnel répond à plusieurs objectifs :
- Identifier précisément le champignon : mérule ou autre champignon lignivore ? On ne traite pas tous les intrus de la même manière.
- Délimiter la zone contaminée : pour ne pas traiter à l’aveugle et risquer un retour quelques mois plus tard.
- Évaluer les travaux nécessaires : assèchement, retrait des matériaux touchés, traitement fongicide en profondeur.
Il s’agit d’un investissement, certes, mais il peut vous éviter plusieurs milliers d’euros de reprise structurelle si le problème est laissé sans traitement. À Toulouse par exemple, une cliente a découvert la mérule dans une serveuse de cuisine adossée à un mur mal ventilé. L’entreprise a pu contenir le champignon à ce mur grâce à une intervention rapide.
Combien coûte une intervention en cas d’infestation ?
Le coût dépend de plusieurs facteurs :
- L’étendue de l’infestation
- La facilité d’accès au bâti contaminé
- Le type de traitement (chimique, mécanique, assèchement par ventilation…)
En moyenne, une intervention oscille entre 2 000 et 12 000 €, voire plus si une dépose complète du parquet, du plancher ou des cloisons est nécessaire. D’où l’intérêt crucial d’un repérage précoce !
Le plus : certaines régions ou communes classées « zone à risque mérule » ont mis en place des aides ou dispositifs de soutien. Pensez à consulter votre mairie ou les services d’urbanisme pour savoir si vous êtes concernés.
Quelques bons réflexes pour limiter les risques
La mérule aime les maisons mal ventilées. Vous pouvez donc réduire le risque d’apparition en adoptant certains gestes simples :
- Assurez une bonne ventilation : installez des grilles d’aération, des VMC performantes, surtout dans les pièces humides (caves, salle de bains, cuisine).
- Vérifiez régulièrement les fuites : toitures, gouttières, évacuations mal raccordées… tout point d’entrée d’eau est une invitation pour la mérule.
- Ne stockez pas de bois humide : évitez les tas de planches dans les caves ou greniers mal ventilés.
- Éloignez le bois de chauffage des murs sensibles : empiler des bûches contre un mur froid, c’est offrir un gîte et un couvert à ce champignon envahissant.
Lorsque vous achetez ou rénovez une maison ancienne, surtout dans les régions humides (Bretagne, Nord, Normandie…), demandez systématiquement un diagnostic mérule. Ce n’est pas obligatoire partout, mais c’est souvent une sage précaution.
À retenir pour agir vite et bien
La mérule est sournoise, rapide, destructrice… mais pas invincible. La clé reste l’identification précoce grâce à une attention aux signaux faibles : odeurs persistantes, aspect du bois, humidité ambiante… Dès le moindre doute, ne restez pas seuls face au problème.
Faites appel à une entreprise de traitement spécialisée pour diagnostiquer et stopper l’infestation, avant que votre maison ne devienne café gourmand pour mérule affamée.
Et rappelez-vous : dans la grande majorité des cas où l’intervention est rapide, les dégâts sont limités. Un œil attentif et des réflexes simples valent souvent toutes les assurances du monde.
